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vendredi 22 juin 2018

L'avis de Fumi #2 - Dernière Heure 001 : Un message d'amour et de paix au coeur de l'adversité ♥


Synopsis :
Saku Futami, élève de dernière année de collège, vit une vie paisible sur l'île d'Aoshima. Il y a 5 ans, le Japon a été attaquée et Tokyo a été la première ville a passer sous les bombardements des ennemis. Aoshima, dû fait de sa position, est une île sûre, loin de la guerre.

Mais un jour, alors que Saku arrive plus tôt que d'habitude, il aperçoit sur son planning du jour qu'un cours "Guerre" y a été ajouté. Ne se posant pas trop questions, il continue sa journée normalement. Le moment venu, leurs professeurs leurs annoncent que dorénavant, les troisième années devront se préparer à participer a cette guerre...

Fiche technique du volume :
Éditeur VF : Akata
Catégorie : Seinen
Date de sortie française : 22 juin 2017
Oeuvre originale de la mangaka : Yû
Prix : 7.95
Adapté en animé : Non
Nombre de tomes : 4 (terminé)


Nombre de petites flammes :
5/5 🔥

Ma chronique :
Nous devons cette petite pépite à la défunte Yû, la merveilleuse mangaka qui nous a donné la chance de pouvoir (re)découvrir, sous la pureté qu'elle confère aux traits de ses personnages, le magnifique et émouvant film d'animation Les Enfants Loups de Mamoru Hosada. Je n'aurai pas été étonnée d'apprendre que cette oeuvre ait été la sienne. Bien que son titre diffère de celui qu'elle a adapté, je n'ai pas pu m'empêcher d'y repenser au fil de ma lecture. Quoi qu'il en soit, je reste et resterai une grande admiratrice de cette brillante dame qui a su et sait encore, à chaque fois, toucher mes yeux et mon coeur.

Rentrons dans le vif du sujet : le début du récit s'effectue sous le point de vue de Saku, un jeune collégien qui va entrer en troisième année. Nous prenons pleinement part aux pensées du jeune garçon : sur sa petite île, sa vie n'est pas particulièrement palpitante, ses tâches sont toujours les mêmes, les paysages qu'il rencontre sont vus et revus, ses activités ne diffèrent pas, il en est de même pour la nourriture... Un quotidien banal et presque affligeant qui n'a rien pour le faire vibrer... jusqu'à ce qu'il mette les pieds, en compagnie de ses petits camarades, en cinquième heure de cours, le vendredi. Pour assister à une matière bien différente des autres : la guerre.

Ainsi, le monde que Saku a toujours connu, réduit à Aoshima, avec son lot de petits plaisirs et d'ennuis, va se voir brutalement remis en question.

Aux côtés du garçon, la jeune Miyako, d'une maladresse, d'un dévouement et d'une gentillesse à croquer, qui n'est autre que son amie d'enfance. Nous passerons également l'autre moitié de notre entrevue avec elle, pour notre plus grand plaisir.
Ses amis de classe, que nous ne connaissons pas encore bien mais qui semblent se démarquer par des caractères plus ou moins communs.
Et enfin, Reina, une mystérieuse demoiselle prudente et distante, qui ne souhaite se lier d'amitié avec personne, et qui semble emprisonner une lourde souffrance, évacuée sur la terre natale de Saku, depuis Tokyo.

La curiosité qui saisit le jeune homme et son entourage, lorsqu'ils découvrent leur nouvel emploi du temps, pourrait se solder par une vérité bien cruelle, l'appellation du cours signifiant bien ce qu'il veut dire.

Depuis quelques années, cinq précisément, le Japon est en conflit. Les enfants, tout comme nous, ne semblent pas au courant de l'origine de la menace et les adultes de l'île n'ont pas l'air de détenir de plus amples informations. Seulement voilà, leurs rangs ont besoin de soldats et l'Etat a décrété que nos protagonistes avaient atteint un certain âge, celui où l'on peut se voir mobilisable. Ainsi, tout les vendredi, un ou deux d'entre eux choisis tour à tour (nous ne connaissons pas non plus les critères de sélection) devrons partir pendant l'heure de "classe" à la guerre sur le continent pour y participer activement.

Certaines circonstances encore cachées nous amènent à nous ronger les sangs et il faut dire que ce tome d'introduction nous met l'eau à la bouche. Il est si simple de s'attacher aux êtres de papier dessinés par Yû, en particulier à Miyako, Reina et Saku. On ne veut que les aider et les protéger ; et en même temps, j'ai trouvé que pour leur jeune âge, la maturité et l'esprit de réflexion dont ils faisaient preuve les rendaient presque adultes, ce qui en soit est assez effrayant, en plus d'être perturbant.

Yû n'était qu'une jeune mangaka mais elle avait été remarqué par de grands noms. La pureté et la finesse de ses traits, qui fourmillent de détails et d'expressivité, ne peut que nous régaler visuellement. Sincèrement, chaque plan est magnifique, je ne m'en lasse pas, et je pourrai m'attarder sur de menus éléments pendant bien longtemps. La vie qui anime les traits de ses personnages et donne matière aux arrière-plans de son manga est tout bonnement stupéfiante. Et je pense que rien ne pourra lui enlever ce véritable don qu'elle partage avec nous avec simplicité et franchise. Plus que la parole et les mots, les émotions que l'on peut décrypter au travers des yeux de Miya comme de Saku nous touchent profondément.

L'originalité dont elle fait preuve pour aborder des sujets d'actualité, couplée à ses fabuleux dessins, suffiront-ils à nous faire tomber sous le charme ?

Pour ma part, la réponse est oui, vivement oui, plus que oui. Je clame haut et fort que je suis amoureuse de ce premier volume et je recommande plus que chaudement ce petit bijou, que l'on pourrait mettre dans toutes les mains pour la justesse, la délicatesse mais aussi le réalisme qui se dégagent de ses pages.

Ce que j'aime, c'est l'art de la mangaka qui parvient à nous emporter si facilement dans son univers, sait nous faire miroiter de douces promesses d'été pour glacer notre poitrine d'effroi quelques pages plus tard. Et elle alterne ainsi, dureté et douceur, pleurs et sourires, larmes de joie et de tristesse, colère, incompréhension envers le monde et esprit de camaraderie, peur et résolution. Cette injustice qui nous étreint nous oblige à dévorer chaque bulle et chaque page.

La détermination et le désir de savoir et de protection qui émanent de notre Saku, la tendresse qui nous enveloppe lorsque nous sommes en compagnie de Miyako, qui n'est pas particulièrement douée, mais qui est farouchement attentionnée, aimante, et qui fera tout pour les êtres qu'elle aime, ou encore l'envie de rassurer et de briser la carapace dont se protège Reina, feront passer votre âme pour un millier de petites émotions simples, capitales, qui décrivent l'essence même de notre humanité.

La compassion, alors même que nous ne savons rien des autres petits, nous pousse à agir en mère pour eux, on peut déjà voir que la classe est très soudée, malgré les différences de mentalité. J'espère pouvoir retenir et ne pas les mélanger les noms de tout le monde à l'avenir, mais je pense que la mangaka a suffisamment offert de designs propres à chacun pour nous aider à mémoriser chaque prénom.

On redoute le pire mais on espère beaucoup. On est pris dans l'horreur de cette guerre, qui est encore plus déchirante d'autant plus que l'on ne sait pas pourquoi on se bat, mais on ne peut que sourire devant de simples scènes, comme Miyako faisant la cuisine pour ses petits frères et sœurs, l'interaction et l'entraide qui soutiennent mutuellement les habitants.

Or, chaque page emplie d'espoir est amplement contrebalancée par les petits bombes placées par Yû aux quatre coins de ses cases. Comment survivre si les provisions ne parviennent plus à alimenter correctement l'île ? Comment combattre un ennemi dont on ne connaît rien ? Que sont les mystérieuses armes employées par l'autre côté ? Sont-ce des extraterrestres qui nous menacent ? Comment espérer gagner en envoyant de nombreux enfants inexpérimentés, qui ne pourront malheureusement et certainement pas tous en réchapper ? Pourquoi y en aurait-il certains qui ne pourraient pas aller à la guerre ? A quoi correspondent les frissonnantes bestioles qui surgissent quand l'on ne s'y attend pas ? Tant de questions encore que je ne peux formuler et dont nous n'avons pas de réponses, pas même une simple piste.

Cette oeuvre est un véritable coup de coeur et de poing à tout les niveaux. La mangaka arrive à nous dépeindre très justement les bouleversements d'un monde et la dure mobilisation qui oblige et obligeait de jeunes enfants à aller risquer leurs vies sur le front.

Si l'espoir ne tient qu'un fil, espérons qu'il suffise à préserver nos petits adorés pour qu'ils puissent, un jour, retrouver la paix, tous ensemble.

Ce que je retiens de ce volume, ce sont le plus important à mes yeux : l'amour et la paix. Yû transmet à travers ses dialogues et ses grands traits ce besoin et ce rêve auxquels nous pouvons tous nous identifier. La violence n'envahit pas ces pages, le côté poétique prenant l'assaut sur la simple scène de guerre qui se trame à la fin du tome. Peut-être dans le prochain volume, ce qui serait un déroulement logique...

Donc, pour moi c'est un sans-faute, une véritable leçon de vie et un grand bouleversement. J'espère sincèrement continuer à adorer jusqu'au bout, lire toutes les réponses à mes interrogations, évoluer vers un futur heureux au coeur des ténèbres. De plus, le tome en lui même est superbe, ainsi que les belles pages couleurs en papier glacé qui prennent place au début, mettant en scène un passage-clé de notre histoire.
Une lecture mélancolique qui m'a complètement retournée, je vous invite grandement à vous y plonger.

Surtout, tenez-moi au courant si vous le lisez après avoir parcouru cet article, cela me ferait chaud au coeur de le savoir  

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